Site perso : Emmanuel Branlard

Sous-sections

3.1 Les membraphones

Alors que la traite des esclaves avait lieu, les espagnoles avaient banni l'utilisation des tambours africains. En effet, ils ne comprenanient pas leur messages, et ils craignaient que ceux-ci ne favorisent les rebellions des esclaves. Toutefois, ceux-ci ont subsisté et ils font désormais partie des percussions latines. Les instruments présentés ci-dessous sont traditionnellement faits de bois, mais il sont désormais en fibre de verre et en résine de polyester pour qu'ils soient plus solides. Les peaux étaient originellement acordées et tendues, avant chaque utilisation, en approchant une flamme (un "brasero") de celles-ci . Désormais, le système de tension de la peau est devenue plus simple d'emploi, utilisant le système de tirant, de cerclage et de vis de réglage, comme pour beaucoup de percussions à peau.


3.1.1 Les Congas ou Tumbadoras

Les esclaves originaires du Congo, apportèrent avec eux leurs propres tambours appelés "Tumbadoras". Ceux-ci furent renommés Conga par les espagnoles en référence à la danse Conga. La Conga est un tambour à peaux de boeuf non traité, ou à peaux d'âne., originellement tappée avec une baguette incurvée. Conga signifie chant/tumulte en langue Bantoue. Sur les premiers modèles, la peau était simplement clouée au fût. Le cerclage, particulièrement épais, est situé à environ 3cm en dessous de la bordure supérieure de l'instrument afin de ne pas géner le "Congero" (le joueur de Congas). La peau, ne dépasse pas les 3 mm d'épaisseur. Le fût est constitué de panneaux de tailles égales et collés les unes aux autres pour obtenir une forme ronde.

Bien qu'à l'origine le congero ne jouait que d'un seul tambour, l'utilisation de trois Congas s'est vite répandues dans le jeu des musiques populaires comme le Charanga et Son. On peut les distinguer par leur sonorité et leur diamètres, du plus grave au plus aigu (voir Fig. 3.1) : La Tumba (Tumbadora, Hembra ou Salidor) - La Conga (ou le Segundo, le Tres, le Tres Dos, le Tres golpes) - Le Quinto (ou Primero), le tambour solo

Figure 3.1: Les Congas
\includegraphics[width=7cm]{congas.eps}
Dans les ensembles de musiques folkloriques : Bembé, Mozambique, Rumba et Comparsa, chaque voix ou chaque tambour est jouée par un batteur individuellement.

Nous pouvons citer l'un des premiers Congeros, Chano Pozo qui introduit la musique afro-cubaine aux Etats-Unis dans les années 40.

Il existe une dizaine de sons sur les congas. Nous citerons ici les principaux : le claqué fermé(C), le claqué ouvert(CO), la paume (P), les doigts (D), la tonique(O pour son ouvert). Le pattern de base des congas est la Marcha :

\includegraphics{lily-d9ef7aa82f-1}


3.1.2 Les Bongos

Les Bongos sont formés par deux petits tambours de tailles différentes, attachés côte à côte par un bloc de bois, ils se tiennet maintenus entre les genoux. Dérivés du "bonko" abakua, instrument d'Afrique, ils furent développés dans les provinces de l'Oriente cubain par les orchestres de "Son" et de "Changui", où ils étaient les seuls tambours utilisés jusqu'à l'adjonction dans les années 30, de la Tumbadora (Conga). Comme les congas, ils sont constitués de multiples panneaux disposés en cercle. Le plus petit et le plus aigu des deux toms est appelé le Macho (le mâle) et se place à gauche pour un droitier. Le plus gros et de plus basse sonorité, s'appelle la Hembra (la femelle) et se place à droite (Fig. 3.2).

Figure 3.2: Les Bongos
\includegraphics[width=7cm]{bongos.eps}

Le pattern de base des bongos est le Martillo (petit marteau) appelé aussi A caballo (à cheval), assure le rôle de maintien et de stabilité du rhythme. Le Martillo maintient la trame rythmique de croche en accentuant les temps forts sur le macho, le quatrième temps (ou Ponche) est marqué sur la hembra et soutient le phrasé du Tumbao des Congas. Dans un mouvement alternatif droite - gauche, la droite marque les temps et la gauche remplit les espaces, jouant en fait toutes les croches à contretemps, en alternant les positions paume et pointe. On représentera ainsi les différents sons : F comme fingers, bout des doigts. S comme slap, lamain gauche appuie la peau avec la paume tandis que la main droite claque la peau. O pour un son ouvert joué avec une bonne partie des phalanges. P pour paume au centre de la peau. \includegraphics{lily-98d5e0e1bc-1}

Comme à Cuba le même musicien joue normalement les bongos et la cloche(cencerro), il s'appelle bongocero. Voici quelques pattern de Cencerro :

\includegraphics{lily-b958fc2fae-1}

Les variations et improvisations des bongos sont appelées repiques. Les Bongos sont principalement utilisé dans le Changui, le son cubain, la bachata, le mambo, le cha-cha-cha, ou le son montuno..


3.1.3 Les Batas

Les Batás (Fig. 3.3), tambours sacrés à deux peaux, en forme de sablier avec un cône plus grand que l'autre, sont utilisés par les Yorubas, lors de cérémonies religieuses(présentation des initiés devant les tambours, funérailles, cérémonies honorant les ancêtres) et autres cérémonies consacrées aux percussions . La plus grande peau s'appelle l'Inu, la plus petite la Chacha. Depuis le milieu du seizième siècle, ce sont aussi les tambours sacrés des Santerias de Cuba, religion qui combine les anciens rites yorubas à certains éléments du catholicisme. (voir partie 2.2.3 pour plus de détails sur la Santeria). Le son de la membrane est modifié en y collant un centre résineux. Lors des santerias, les formations de tambours sont souvent accompagnés des maracas et du Güiro. Il y a certaines interventions, par exemple le Oru del Igbodù ou Oro seco, où les tambours Batàs jouent seuls en l'honneur des Orishas. Mais habituellement les percussions accompagnent les chants et les danses. Les cérémonies (Wemilere) se déroulent ainsi : le coeur(Ankori) répond au chanteur soliste (Gallo ou Akpwon) accompagnés par les joueurs de Batas (Olubatá).


\includegraphics[width=0.8cm]{anecdote.eps} Une Anecdote
 
[rgb]0.92,0.92,1 Les Batás sont considérés comme sacrés, mais aussi comme vivants. Les cubains en prennent grand soin. Ils les habillent, les nourrissent, leur font boire ou les font fumer ! On peut trouver à cuba des Batás de plus de 200 ans !

A Cuba, le tambour batá peut présenter trois tailles différentes. Chacune a sa fonction particulière, mais pour vénérer et invoquer les Orishas on les utilise toutes les trois. Le plus petit, l'Okónkolo (l'enfant) joue les rythmes de base, et le moyen, Itótele(le père) ou el segundo, et le grand, Iyá (la mère) ou el mayor entretiennent un dialogue rythmique si subtile qu'il est extrêmement difficile à suivre. L'iyá étant l'instrument le plus important des groupes de musique batá, il est toujours confié à un musicien expérimenté, qui s'asseoit au centre, l'okónkolo à sa droite et l'itótele à sa gauche. Générallement, on joue assis, le tambour posé sur ses genous. Sur l'iyá sont fixées deux séries de clochettes (une de chaque côté de la caisse) qui s'agitent lorsque le joueur frappe les basses.

Figure 3.3: Les Batas
\includegraphics[width=7cm]{batas.eps}

Les Batás reproduisent les changement de rythme et de tonalité du language Yorua. Pour les Yorubas, les Orishas vivaient dans les tambours. Le joueur de Baá, l'Olubatá, invitait le dieu à se réveiller et à posséder les personnes présentes à la cérémonies en jouant des rythmes spécifiques. De plus, même si l'improvisation est autorisée, l'Olubatá ne peut pas jouer tout les rythmes, il doit se restreindre à certains Toque, car chaque Batá est baptisé dès sa création.

\includegraphics[width=0.8cm]{citationa.eps} Il y a certains rythmes que tu ne joueras pas en dehors de la cérémonies. Certains peuvent être joués, mais il y a certaines divinités auxsquelles tu n'as pas intérêt à avoir affaire  
 
Milton Cardona
\includegraphics[width=0.8cm]{citationb.eps}


3.1.4 Les Timbales

Les Timbales (prononcer timbalès pour ne pas confondre avec les timbales de percussion classique) sont en quelque sorte l'interprétation cubaine des pailas. La paila, instruments créoles, consiste en une poële de cuisine recouverte d'une peau et servant. Cet instrument rudimentaire portait le nom de l'ustensile de cuisine: la Paila. Les timbales, sont constitués de deux fût métalliques (acier ou cuivre) aux peaux en général synthétiques (originellement de veaux), que l'on frappe avec des baguettes particulièrement fines, ou parfois à la main. Les timbales étaient posés sur un trépied à hauteur des genoux et joués en position assise. D'abord jouées par les Orquestras Tipicas (orchestres incluant instruments à vents, cuivres, cordes, guiro et tympani) celles-ci seront remplacées dans les années 1920 par les Charangas, orchestres incluant piano, violons, violoncelles, guiro, clarinette, flûte, basse et timbales. Vers la fin des années 30, le bassiste arrangeur Cachao Lopez inventa le Nuevo ritmo, partie additionnée à la fin de l'arrangement du Danzon qui se développa pour aboutir éventuellement au Cha-Cha et au Mambo (voir chap. 19, 20 et 21). Le Nuevo ritmo se jouait sur une petite cloche (devenue la Cha-cha bell), fixée sur le bord du fût. Ainsi, le support sur lequel les timbales sont montées permet d'accueillir plusieurs cloches ou cymbales (Fig. 3.4).

Figure 3.4: Les Timbales
\includegraphics[width=5cm]{timbales.eps}
L'intervalle tonal entre le grand et le petit tambour évolue généralement entre une tierce et une quinte. La taille des tambours varie de 20 cm, pour les timbalitos, à 36 cm pour les timbalon (timbale tonnerre). Le joueur du Timbal s'appele timbalero. Le jeu consiste à combiner les coups ouverts, étouffés ou pressés, cercles, rimshot et cross stick. La technique paila, qui suppose de frapper certains rythmes (les cascaras) sur les côtés droit et gauche de la caisse de résonance, est courante aux timbales.

Le plus célèbre timbalero est certainement Tito Puente.


3.1.5 Les tambours Yuka

Les tambours Yuka vont par groupe de trois. Ils etaient construits à partir de troncs d'arbres sacrés (palmier royal, arbre de Chango) de différentes tailles et étaient recouverts de peaux de vache clouées. La plus grande de ces percussions est appelée Caja ; elle est jouée de façon traditionnelle par les Kongos entre les jambes du musicien. Contrairement aux Congas, ici, c'est le tambour le plus gros qui improvise. En effet, son son, plus grave, atteint plus l'auditoire car il fait vibrer l'intérieur de notre corps. Un autre joueur frappe avec une paire de baguettes sur le coffre de la caja, souvent sur une petite pièce de métal fixée à la base de l'instrument (Nkembi. Ces baguettes sont appelées guagua(ou cajita). Le tambour de taille moyenne s'appelle la Mula et la plus petite le Cachimbo. Les tambours Yuka étaient joués à Cuba par les esclaves d'origine bantou lors des rituels Palo Monte, Regla de Mayombe ou Makuta.


3.1.6 Le Bombo

Le Bombo est une grosse caisse créole utilisée dans les Congas de Comparsas. Une main utilise une mailloche pour jouer, tandis que l'autre tappe à même la peau, donnant ainsi des sons étouffés ou ouverts. On trouve les bombos dans l'instrumentation du Mozambique et de la Comparsa. Le bombo accentue à l'aide d'une note ouverte la quatrième croche du trois de la clave. Souvent, dans les interprétations modernes, cette accentuation est également jouée sur le deux de la clave. On dit alors que le bombo maintient un pattern de demi clave, ou Tresillo, à travers les deux mesures. La note accentuée s'appelle la note du bombo, ou le bombo. Cette note donne un dynamisme remarquable à la musique, c'est pourquoi elle fut adoptée dans la plupart des styles pour les patterns des basses (percussives et mélodiques). C'est le cas par exemple dans la Rumba où elle marquée par le Tres Dos et la Tumba, et dans le Songo où il fait partie intégrante du rythme des Timbales et de la Batterie.

\includegraphics{lily-573de355a6-1}

Figure 3.5: Le Bombo
\includegraphics[width=5cm]{bombo.eps}

3.1.7 La Tambora

La Tambora est un tambour à double peaux, suspendu au cou. Avec une baguette recouverte de peau, on frappe sur le bord et sur la peau. Avec la main, on frappe sur la peau opposée pour modifier les sonorités.








Emmanuel Branlard